Tout roule pour Di-Meh

En plein Flip Tour, à quelques heures d’une prestation d’anthologie à L’Autre Canal, Di-Meh nous a accordé un peu de son temps au skatepark de Nancy, pendant que son pote Lomepal claquait des gros crooked grind. Lunettes fumées aux verres roses et chemise hawaïenne fraîchement acquise, le rappeur genevois s’est confié avec toute la décontraction qu’on lui connaît.




D’où est née ton amitié avec Lomepal ?

Je l’ai connu bien avant le Flip Tour, on traîne ensemble depuis bientôt sept ans. Il était venu à Genève donner un concert où je faisais la première partie. Il devait y avoir 40 personnes à tout casser. Attends… Quand j’y réfléchis, la connexion s’était déjà faite avant cette date, via Alpha Wann. Antoine et moi avons le rap et le skate en commun, le courant est tout de suite passé et nous avons fini par collaborer sur « Zombieland », en 2012. Tu y trouveras une vibe vraiment à l’ancienne.

Avec vos évolutions respectives, que tires-tu de cette tournée ?

Des bêtes de vacances frère ! Ces grosses scènes sont une expérience enrichissante en tous points. Chauffer l’ambiance pour Lomepal me permet de prendre de la bouteille. Je n’ai rien sorti cette année, enfin pour l’instant. J’ai préféré fidéliser mon public en live, et vu l’amour que je reçois chaque soir, j’ai l’impression que mes prestations ont porté leurs fruits.

Peux-tu nous en dire plus sur Focus Vol. 2, qui sort le 10 mai ?

Je suis serein. Tous les sons sont au mastering, 11 titres, à mi-chemin entre un EP et un album. J’espère que ce projet sera apprécié à sa juste valeur. J’y ai mis toute mon énergie.

De quoi t’es-tu influencé pour le réaliser ?

Énormément de quiétude. Je m’inspire aussi de moments de vie, la plupart des phases que je trouve viennent de soirées vécues. Mettre mon quotidien en musique me tient à cœur. Côté beats, j’ai varié entre prods mélancoliques, chill et trap bien vénère. Il y a aussi pas mal d’autotune. Je ne me suis pas imposé de barrière, j’ai cherché à expérimenter le plus loin possible.

Que préparais-tu chez Myth Syzer aux côtés de Slimka ?

Grosse session studio ce soir-là ! Nous avons une bonne connexion avec Ikaz Boi et lui. Le track enregistré ne fait pas partie d’un projet à part entière. Tout dépend de ce que Syzer voudra en faire, mais pour l’instant rien n’est fixé.

En restant dans les collabs, Biffty a déclaré vouloir absolument enregistrer avec Slimka et toi. Est-ce dans les plans ?

Nous n’en avons pas encore parlé, mais cela devrait aboutir. J’aime l’état d’esprit de la Souye team. Ils ont une mentalité de skateurs que je retrouve avec l’équipe Paz de Pal et Superwak, mon crew d’origine.

Que signifie XTRM boyz ?

Il s’agit d’un trio composé de Makala, Slimka et moi-même. Une petite parcelle de Superwak, la clique genevoise où nous sommes une douzaine. L’objectif est précis : réunir nos forces et tout fumer sur scène.

« Depeche Mode » aura une suite ?

C’est le premier extrait d’une longue série. On ne va pas pour autant se mettre une pression inutile en annonçant un projet. Les choses se font au feeling et la suite finira par arriver, soyez patients (sourire).

L’aspect punk de vos concerts est-il naturel ou travaillé ?

Il grandit de show en show avec le public. Quand tu te déplaces à une de nos scènes, ce n’est pas pour te tourner les pouces. Tu viens transpirer, te défouler ! Les codes du punk et du métal sont bel et bien présents. À chaque titre, un moshpit toujours plus hardcore que le précédent se forme et la foule laisse échapper ce qu’elle a de plus sauvage en elle.

Avant de sortir un son, tu demandes à Slimka et Makala leur validation ?

En vrai, pas trop. À la base, nous peaufinons nos projets en solo et ce n’est qu’une fois terminé que les autres écoutent. Je ne vais pas revenir en arrière sur un morceau parce qu’un tel ou un tel m’a fait une remarque, mais je reste attentif à tous les avis.

Mettre la Suisse en lumière est une fierté ?

Tu n’imagines pas à quel point ! Les grands avaient déjà fait le taf, sans que ça n’explose vraiment. Nous sommes en train d’apporter un truc nouveau. Personne ne l’avait fait avant, on tient le drapeau à nous seuls, bien qu’un tas de rappeurs soit en train de s’activer.

Qui sont les prochains à pop ?

Nous (rires) ! Ah… Tu veux dire à part nous ? Rive Magenta, un collectif très actif en ce moment. Je pense aussi à Az.i, OBD et à mon cousin Byko. Il faut absolument aller checker tout ça. À Genève, les MCs se sont tous motivés en même temps. Les projecteurs sont braqués sur la ville, ils savent que ces efforts ne sont pas vains. Un soutien mutuel s’est développé, il n’y a plus de crews ennemis comme dans le temps. On veut le faire pour la Suisse.

Avec du recul, quel titre t’a fait passer le palier le plus significatif ?

« Rothschild » m’avait fait franchir un cap mais « Focus » reste mon hit. Le clip vient de passer le million de vues, ça m’a boosté pour la suite. Je peux le réécouter 100 fois, il ne me soûle jamais.

Quel souvenir le plus marquant gardes-tu de tes débuts ?

Sans hésitation, un concert des Sages Poètes de la Rue. Un grand de mon quartier qui donnait des cours de rap à la MJC faisait leur première partie. J’ai pris une double baffe ce soir-là, à tel point que le lendemain je suis allé à son atelier. Tout est parti de là.

La patte Colors Records est très particulière à Genève. Est-ce un accident provoqué ?

Bien sûr. On perfectionne énormément notre jeu de scène, mais la magie opère surtout en studio. Nous ne sommes pas fermés à un genre d’instru, si je kiffe, je kicke ! La vibe Colors est unique, comme il peut y en avoir dans d’autres villes à l’image de Bruxelles ou Paris. Tu reconnais notre musique parmi les autres. Le véritable maître des clés est Pink Flamingo. Makala et lui sont amis d’enfance, c’est une des raisons qui font qu’il est son producteur exclusif. Attention, ça ne veut pas dire que nous ne sommes pas ouverts aux autres beatmakers !

En parlant de Bruxelles, tu comptes bosser à nouveau avec Caballero, JeanJass et compagnie ?

La deuxième saison d’High & Fines Herbes vient de sortir, une mixtape avec les différents acteurs de l’émission devrait se tramer d’ici peu. Sinon, il n’y a rien d’autre de prévu pour l’instant. Ma seule actualité bruxelloise est le festival Couleur Café, aux côtés des XTRM boyz, le vendredi 29 juin.

CBD légal ou weed d’un pote ?

Weed d’un pote, tout le temps ! Après… CBD légal c’est cool, ça soigne des gens. Ils en fument avant d’aller au taf ou après le sport, lorsqu’ils ne veulent pas être foncedés. C’est avant tout un pas en avant pour la légalisation. Je suis en Suisse pour cette raison, on bicrave de la weed légalement, t’entends (rires) ?


Texte : Nathan Barbabianca

Crédit : Adeline Vanzella

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