Metro Boomin, ou comment sauver le Monde avec Fruity Loops

Natif du Missouri et émigré à Atlanta, Metro Boomin a contribué à la popularité de sa ville d’adoption. Des trap houses aux radios, en passant par les strip clubs, sa musique a tourné jusqu’à en faire un incontournable du genre. Dans Not All Heroes Wear Capes, Young Metro met la barre haut et fait les choses différemment pour son premier album solo.




31 octobre, soir d’Halloween. Metro Boomin annonce son grand retour après six mois d’absence médiatique. Intitulé Not All Heroes Wear Capes, le projet rassemble un casting cinq étoiles autour d’un des beatmakers les plus fédérateurs du rap game actuel. À 25 ans, Leland Tyler Wayne de son vrai nom n’oublie ni d’où il vient ni où il va et fait le point sur sa vision de la trap en 2018.

Pour la culture

Metro a acquis très tôt une réputation de couteau suisse auprès de ses collaborateurs. Que ce soit via une drill synthétique avec Future ou une recette davantage club pour Offset des Migos. Sur son album, il mélange ses nombreux styles et assume définitivement son statut de superstar producer.

Boomin s’entoure des meilleurs du jeu. Des adeptes de l’autotune que sont Gunna et Young Thug aux mélodiques Swae Lee et Drake (pourtant plus kickeur sur son apparition) : tous sont représentés. Il n’oublie pas de rendre hommage à la trap 808 qui l’a vu naître en positionnant Gucci Mane en ouverture d’album, comme le père symbolique du mouvement.

Les ambiances sombres et minimalistes de Savage Mode (2016) font leur retour sur « Don’t Come Out The House », troisième track du projet et coproduite par Tay Keith. Les deux artistes y ressuscitent un 21 Savage armé d’un flow chuchoté qui rappelle un vieux tube des Ying Yang Twins, nous livrant un banger mélodieux et diablement efficace.

Metro a parcouru du chemin depuis le succès de « Bad And Boujee » et sait comment faire un hit. Devenu la culture icon qu’il voulait être, le producteur sort du hood et élargit son spectre musical jusqu’à arpenter les voies de la bourgeoisie.

Atlanta à la conquête du Monde

À la fois varié et complet, à l’image de sa génération, Not All Heroes Wear Capes s’ouvre à de nouveaux horizons musicaux et s’affranchit des frontières d’Atlanta. On y fait la connaissance de Wizkid et J Balvin, artistes reggaeton respectivement nigérien et colombien. Ces derniers sont accompagnés d’Offset sur « Only You ». La mélancolie est également à l’honneur avec Travis Scott, Kodak Black et 21 Savage, réunis sur le bouleversant « No More ».

En ajoutant pianos et violons à ses compositions, Metro Boomin apporte une dimension de grandeur et anoblit sa musique. Il ne laisse pas le sample de côté et sait garder sa touche old school en puisant dans un répertoire riche d’artistes gospel et soul des années 70 pour ses outros. Ce choix symbolise la volonté de faire perdurer, lui aussi, sa musique dans le temps.

Avec cet album, le designer fait passer son beatmaking à un niveau supérieur. Sa volonté de mettre les artistes d’Atlanta et d’autres horizons en avant rappelle Kanye et Chicago sur Kanye West Presents Good Music Cruel Summer (2012). La comparaison avec My Beautiful Dark Twisted Fantasy (2010) du même artiste n’est pas de trop, tant Metro signe par son projet une œuvre musicale riche, à la fois orchestrale et harmonieuse.

Chef Metro n’a plus rien d’un rookie et le prouve en brisant les barrières de genres à même sa cuisine. Il ajoute une note de sensibilité à sa liste d’ingrédients sans omettre les secrets de sa recette. Not All Heroes Wear Capes est un album sucré / salé abouti où plusieurs écoutes seront nécessaires pour en apprécier la saveur.


Texte : Raphaël Tcheng

Crédit : Ben Hagarty

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