Saturn Tape Vol. 1, le début d’une odyssée cosmique

La jeunesse de Lyon fait déjà parler d’elle en 2019. Saturn Citizen, un des groupes qui compose Lyonzon, s’est lancé dans la cour des grands en ce début d’année. Déjà actif sur SoundCloud, autant en solo qu’avec leur collectif, le duo Azur et Bushi s’est constitué une patte particulière qui présageait un avenir rayonnant. Le 22 janvier, leur premier projet intitulé Saturn Tape Vol. 1 voit le jour. Un recueil de tracks qui édifie la première pierre de leur épopée spatiale.




Azur et Bushi sont deux jeunes artistes lyonnais qui ont commencé à faire parler d’eux sous la bannière de Lyonzon. Une alchimie certaine ressort de leurs apparitions toujours remarquées sur les morceaux du collectif. Sans surprise, ils ont décidé d’exploiter cette synergie et de former leur groupe. Saturn Citizen est né. Le premier volume de la Saturn Tape est entièrement produit par Rolla. Le beatmaker a mis à contribution son expérience pour donner une cohérence à la mixtape. Une texture atmosphérique et un soupçon d’agressivité traversent les prods. Des caractéristiques qui permettent aux rappeurs de confirmer leur aisance.

Scientifiques du flow

Le ton de la tape est donné dès son intro avec le morceau « Entrax ». Seul son clippé à ce jour, il dépeint l’identité musicale et esthétique du groupe à la croisée d’une ambiance lunaire et d’un trop plein d’énergie. Rapidité et lenteur s’y entremêlent et se complètent comme le Ying et le Yang. Un équilibre qui perdure dans le projet, où chacun choisi le rôle qu’il souhaite sans empiéter sur l’autre. Le duo s’est même laissé la liberté d’avoir plusieurs sons en solo, sans déroger à l’univers installé par ce premier opus.

L’influence de la nouvelle génération d’outre-Atlantique – comme Playboi Carti ou Kodak Black – se ressent légèrement. Les citoyens de Saturne n’en sont pourtant pas des copies. Leur créativité cosmique les dirige vers des schémas de rimes inédits, en marge de ce que nos oreilles sont habituées à entendre. « Plage », unique featuring de la mixtape, l’atteste avec Bushi qui complète le couplet de Mazoo par quatre flows virulents. Cette variété de mélodies saupoudrée d’ad-libs dévastateurs est présente sur toute la tape. Elle assoit un style atypique où la technique semble être une notion primordiale, qui va de pair avec leur sens du turn up. Le crew a une facilité particulière à découper les bangers. Azur est prêt à « déclencher les moshpits » sur « Phenomen Raven » , track dans lequel il nous révèle toute son explosivité. La Saturn Tape Vol. 1 est conçue pour incendier les salles de concerts et envoyer le public en orbite. On ne conquiert pas les galaxies sans un minimum de violence !

Quand deux aliens observent le Monde

Leur approche du Monde et de la musique permet aux Citizens de décrire leur génération tout en étant parfaitement conscients de ses travers. Un bilan pas forcément positif est proposé au sujet de la célébrité et de ce qu’elle induit. Ouvertement anti clout chaser (les affamés du buzz et de la notoriété), le morceau « Billets Verts » vient nous rappeler que le Goofy Gang – un de leurs surnoms – n’est pas intéressé par la fame. Seul le travail prime et les deux artistes savent que ces efforts les conduiront où ils le souhaitent sans sauter d’étapes.

Un pari risqué est pris dans « À la mode » : parler de la popularité des noirs. Un thème peu abordé qui prouve un certain recul et confère une densité supplémentaire aux textes des jeunes lyonnais. D’apparence dépourvu d’un réel relief, leur manière de penser se dégage du projet après plusieurs écoutes. Des punchlines comme « Tu veux du taf, fallait pas être moche / Fallait être blonde, donc fallait être blanche » sur « Arthur Morgan » aiguisent le propos critique des deux compères. En ligne de mire : le système médiatique, les groupies, la drogue dure et le manque d’ambition.

La mixtape prend fin sur le son « Cosmos ». Un incroyable boom-bap à la sauce Rolla où Azur partage son bilan de l’évolution du groupe, de leur situation actuelle et de leurs objectifs. Lucide sur la jalousie récente qu’ils attisent, le rappeur ne se laisse pas désaxer. Il est ambitieux, mais ne trahira jamais son art pour arriver à ses fins. Faire voyager sa musique et la défendre sur scène, tel est le plan pour le binôme de Lyon. Azur et Bushi sont prêts à envahir la Terre et imposer leur plume conquérante, Saturne étant désormais trop petite pour eux.


Texte : Ugo Margolis

Crédit : Saturn Citizen

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