Jay Mng : « Je suis bien dans mon délire, sans pression »

Jay Mng nous a accueillis au Beursschouwburg, quelques heures avant la release de son premier solo, Space Jam. Peu anxieux à l’idée de dévoiler son projet en live, le jeune everois à l’allure de skateur revient sur son parcours et les fondements de sa philosophie : s’entourer de ses amis sans fermer la porte à rien ni personne.




Parle-nous un peu de toi…

Je m’appelle Jay Mng, je viens d’Evere. Je suis d’origine congolaise par mon père et malienne par ma mère. Le mix est un peu bizarre, mais pas de quoi s’inquiéter (rires) ! Je fais de la musique depuis six ans, dont les trois dernières années à fond.

Dans quel univers musical as-tu été bercé ?

Mon père écoutait blindé de rap US. Ma mère, par contre, ce n’est pas trop son truc… Quand j’étais petit, je regardais des cassettes de concerts. Je matais en boucle les Snoop Dogg, NWA et compagnie avec mes oncles. J’ai toujours eu le hip-hop dans le sang, c’est familial. Tout ça fait que je suis très inspiré par l’esprit ricain. Je ne peux pas nier le fait que j’écoute plus de choses de là-bas que d’ici. Ils sont trop OG ! Cette culture est née chez eux.

Tu te souviens de tes premiers textes ?

Je ne préférerais pas (sourire). À l’origine, quand nous étions adolescents, on a entamé le rap pour délirer. En mode « nous aussi on sait le faire » ! J’ai tout de suite commencé à écrire en Anglais, par simple préférence. On avait clippé mon premier son, je ne m’attendais pas à ce que les retours soient aussi bons…

Tu as senti qu’il y avait un truc à faire ?

Même pas ! Suite à ça, j’ai complètement arrêté. Je pensais que le rap n’était pas fait pour moi. Mes potes ont continué et comme j’étais tout le temps avec eux, j’ai fini par m’y remettre. J’écrivais quelques lines que je posais en freestyle. Un jour, un type m’a demandé pourquoi je ne rappais pas en Néerlandais. Il m’a dit : « Tu kickes bien en Anglais, mais dans ta langue ça va être le feu. » J’ai suivi son conseil et me suis tout de suite senti plus libre. De nouveaux horizons se sont ouverts, avec des possibilités encore plus larges.

Quelles sont tes influences en ce moment ?

J’écoute beaucoup de rap français. J’aime leur façon de kicker, c’est raw ! Je me bute aussi pas mal avec le dernier album d’Hamza. Sinon, je kiffe vraiment Ray Fuego du Smib Squad en Hollande. Le point commun des mecs que je saigne est qu’ils ont leur propre identité. Avoir son propre style est pour moi la base avant même de commencer à rapper ou produire. Tu te dois d’avoir ta propre line.

Parle-nous de Space Jam.

Ce premier album, c’est moi à travers mon univers, mes potes, ma vie… J’ai mis trois ans à monter et écrire ce projet. J’ai pas mal cogité dessus et préféré attendre avant de proposer quelque chose de concret. Je ne me suis jamais mis la pression et pour l’instant, je n’ai que des compliments. Mon souhait était qu’il y ait un track pour chaque auditeur, que tout le monde puisse aimer un son de l’opus et s’y identifier. Dans un de mes premiers clips, je répétais souvent : « Qu’est-ce que tu sais à propos de ce gars ? » À travers ces 12 morceaux, je tente de répondre à la question et de m’ouvrir à mon public.

Quel bilan en fais-tu à court terme ?

Il s’agit d’un bon début, une bonne introduction. Le plus long du chemin reste à parcourir. C’est la première fois que je propose un truc aussi abouti, ça me donne envie de continuer…

Tu t’entoures toujours des mêmes producteurs ?

Pour Space Jam, j’ai uniquement travaillé avec Dtekt. Mais pour le reste, je bosse avec plein de gens différents. Je n’aime pas m’arrêter à une seule personne, je suis open. Je reçois des prods de gens que je ne connais même pas, ça vient de partout ! Si j’apprécie, je commence à écrire dessus et fais un retour directement au gars. Je multiplie les sources au lieu de me limiter.

Peux-tu revenir sur le Six O’Clock Gang. Qu’est-ce qui définit le mieux selon toi ce crew multilingue ?

C’est un groupe de potes qui se fréquentent depuis très longtemps. On kickait ensemble dans la street avant qu’un gros festival en Angleterre n’officialise un peu les choses. Nous rappons en Anglais, en Français et en Néerlandais, bien qu’il y ait une majorité de francophones. Mais on est avant tout des amis. Nous nous sommes rencontrés un peu partout : à l’école, dans la rue ou à des open mic. Il s’agit d’une vraie team, qui passe tout son temps ensemble à travailler dans la spontanéité. L’amitié est très importante à mes yeux, ces gars m’ont toujours soutenu.

As-tu déjà été approché par des labels ?

Oui, mais ça ne m’intéresse pas pour l’instant. Je n’ai pas atteint mes propres limites, je ne vois donc pas en quoi une maison de disques pourrait m’aider. Je ne veux pas être bridé dans ma musique ou guidé par des gens dont les motivations sont financières. Je suis bien dans mon délire, sans pression.

Tu bosses déjà sur de nouveaux projets ?

J’en ai même déjà sous le coude, mais je ne peux pas trop t’en parler pour l’instant. Il s’agit d’un EP que j’ai fait avec Phasm. On réfléchit encore à une date de release. Ce sera peut-être pour cet été, qui sait ? Pour l’instant, je reste focalisé sur mon solo.

Avec qui aimerais-tu collaborer par la suite ?

Sur Bruxelles, je pense directement à Isha. J’apprécie le personnage, son univers. C’est le meilleur à mes yeux en ce moment. Dans mes rêves, ce serait A$AP Rocky. Je m’inspire beaucoup de lui, de sa créativité et de sa recherche de nouvelles sonorités.


Texte : Benjamin Cohen

Crédit : Nohad Sammari

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